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Un peu partout, les signes de tensions s’accumulent, laissant apparaître un système sur le point de craquer : au manque de moyens dénoncés régulièrement, s’ajoutent désormais des difficultés notoires à recruter, un service dégradé, et des agents épuisés, dans l’éducation, le social, le médical, les transports… Comment la contrainte budgétaire s’est-elle imposée dans tous les secteurs publics ? L’argent – et son allocation – est-il le seul nerf de la guerre dans la bataille pour les services publics ?
Pour bien comprendre ce qui relève du service public, on peut s’interroger sur leur nécessité, Claire Lemercier précise “il y a plein de raisons pour lesquelles on a besoin des services publics, la notion est assez plastique et la définition est toujours très politique. A minima il y a quand même cette notion de commun, c’est à dire que si chacun construit son petit bout de route, ça va être extraordinairement inefficace. En tant que citoyenne je m’inscris dans une tradition intellectuelle et politique qui dirait que les services publics visent à l’universalité et à l’égalisation”. François Ecalle ajoute “dans les justifications du service public, la justification par le monopole naturel est assez récente. Il y a des définitions plus anciennes, en particulier le fait que les services publics sont des services pour lesquels on ne peut faire payer personne, ce sont des biens publics au sens économique. Par exemple, la défense et les armées, c’est un bien commun dont l’utilité peut arriver un jour. Il n’y a pas moyen de privatiser ce type de services”.
Aujourd’hui les services publics connaissent de nombreuses difficultés, autour du recrutement, des conditions de travail dégradées ou la perte de sens, Arnaud Bontemps explique “les services public ne vont pas disparaître, mais on assite à un mouvement en miroir. En ce moment des quantités de catégories socio-professionnelles peuvent contourner les services publics, et notamment les plus riches. Avec le risque que les services publics perdent leur caractère universel et deviennent de plus en plus des services publics pour les pauvres et de pauvres services publics. A titre d’exemple, entre 2013 et 2020, il y a eu plus 40% de places d’hospitalisation dans le secteur privé à but lucratif ; depuis 2010 il y a plus 110% d’établissements scolaires privés hors contrat, sous le dernier quinquennat, on a crée deux fois plus de places dans l’enseignement supérieur privé que dans l’enseignement supérieur public. On assiste à un risque de fracturation de la société quand les services publics perdent leur caractère universel“.
Pour aller plus loin
- Julie Gervais, Claire Lemercier, Willy Pelletier : La valeur du service public (La Découverte, 2021)
- Site FIPECO “Finances Publiques et Economie“, association d’information sur les finances publiques
- Site du collectif ” Nos services publics“
Références sonores
- Extrait d’un épisode des Pieds sur Terre “Les juges démissionnent”, 10 février 2022
- Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques de France sur le recours aux cabinets de conseil et l’utilisation des deniers publiques les finançant (C ce soir, 29 novembre 2022)
Références musicales
- « Bonjour Monsieur le maître d’école » de Bourvil sortie en 1964
- « Passarinho » de Joao Selva
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